Patrice Lecomte
Peinture acrylique sur toile
PENSEES EN VRAC
H.M.
J’ai acheté dans un dépôt militaire de vieux draps en lin des hôpitaux de l’armée., H .M. y est inscrit. J’ai décidé de garder l’inscription. Et pourtant ! l’armée, je pensais détester tout ce qui s’y rapportait. Hasard des rencontres, ces draps me réconcilient avec un bout de passé.
Hôpital. Militaire. Deux mots qui « fâchent », des mots qui rappellent la mort, la violence, la douleur. C’est pourtant sur ce support à la mémoire douloureuse que je vais peindre. Heureusement ces draps sont neufs, ils étaient destinés à l’horreur, ils vont je l’espère trouver le bonheur.
PAPIER
Le papier artisanal a sa propre histoire, chaque étape de sa fabrication s’imprime et détermine son aspect final : La grosseur des fibres, l’irrégularité du dépôt de pâte à papier, l’empreinte du tissu séparant chaque feuille pendant le pressage.
Les lignes, les formes existent déjà, je n’ai plus qu’à les choisir et à les révéler.
PLAISIR
Ce qui m’intéresse dans la peinture, c’est la découverte. La qualité de L’œuvre dépend de l’aventure qu’elle m’a offerte et du plaisir que j’ai ressenti.
INTIMITE
Dans l’image est gravée mon expérience, expérience de vie ou expérience plastique, la relecture me replonge dans le souvenir de ces instants.
Je montre, je cache, jeu de cache- cache.
Qu’en est-il de la lecture des autres ?
En peignant je replonge dans le passé, c’est lui qui nourrit la toile et qui guide mes choix.
ECRIRE
J’ai souvent dit que je dessinais faute de savoir écrire.
En peignant j’ai le sentiment de dire plus de choses qu’en parlant ou écrivant.
Les mots ne viennent pas facilement, les formes semblent sortir naturellement.
HASARD
Le grain du papier, l’irrégularité d’une trame, le froissé d’un kraft, une couture, une déchirure, tout ce que le temps et le hasard inscrivent sur le support me guide et me rassure ; je les cherche.
S’il n’y a rien, je fabrique le hasard en disposant sur la toile des matériaux différents : Papiers, tissus, cordes… afin de partir de quelque chose. Horreur du vide.
Je recouvre partiellement l’ensemble de blanc et de pâte épaisse à grands coups de pinceaux, je relis quelques jours plus tard ce support déjà travaillé, mais oublié grâce au blanc et au temps passé
l'aventure commence alors, choix des couleurs, formes à révéler ou à cacher, matières, lignes, surfaces.
Je creuse par l’ombre et la lumière, je cherche des signes, des croix surtout, celles qui réparent les blessures et révèlent en même temps les déchirures.
Je lis le hasard, je choisis et propose ma propre lecture au regard des autres.
Chaque image est à la fois indépendante et dépendante de moi. Indépendante par la part de hasard qui s’y inscrit, dépendante par le choix que je fais.
CROIX
Deux lignes qui se croisent et se coupent. Rencontre et blessure.
Croix Chrétienne, objet du supplice, sacrifice nécessaire, épreuve qui efface le péché et révèle le divin.
Sparadrap, deux morceaux de tissus collants qui réparent, protègent et cachent la blessure.
Croix rose chair, tachée de sang, illusion imparfaite.
Croix, rayure qui annule l’erreur. Refus de l’imparfait. On ne montre que ce qui est convenable, ce qui est juste.
Croix symbole indéfini, ni bien ni mal, mi bien mi mal.
Douleur et plaisir à la fois.
I